L'insomnie ça rend méchant

L'insomnie ça rend méchant

Pour ceux qui en doutent encore, oui les nuits bretonnes sont humides. Relativement rassasié par notre petit déjeuné que l'on avait dû manger a 21 heures et passablement énervés, nous avions pour projet de nous coucher tôt afin de profiter de ce qui serait la moins agitée de nos nuits. Petits sots que nous étions (ce qui a beaucoup changé, maintenant nous sommes de grands sots). La nuit fut d'abord amputé par une bande de ménestrels improvisés qui répétaient en boucle le répertoire du donjon de Naheulbeuk, la chanson du barbar avait un certains succès si bien qu'ils le répéterent huit fois d'affilé. Mais ne mollardons point dans le potage, ils chantaient justes si bien que je me suis surpris à aller les applaudir. Mais malheureusement, les chansonniers mirent les voiles pour l'antre de Morphée et laissèrent place à une conférence sur « kikicélemeilleurgroupedemétal » organisé par trois branleurs myopes, vous comprendrez pourquoi. Pour un néophyte, des expressions telles que « post-black métal » « décharge d'infra-basse » ou encore « taping sur un triolet en croche » relèveront d'un langage occulte et incompréhensible, qu'il se rassure, on piffait que dalle nous aussi. Par contre, on les entendait clairement aligner méthodiquement les noms de leurs groupes indés pour avoir l'air d'un vrai spécialiste face à l'autre. Cette joute oratoire gonflée à l'orgueil et chargée à l'érudition vaine emputa une autre partie de la nuit. Fort heureusement, nos tympans aussi enquilosé que le reste de notre corps décidèrent de s'assoupir et les voix s'éloignèrent...
On dormait tranquillement quand un colossal concentré de graisse et de muscle vint s'effondrer sur notre tente.
Confus par le choc et ulcéré par la situation, nous sortîmes aussi vite que le permis le chaos ambiant dans la tente. Fous de rage, je sortais comme un diable de sa boite, pour ne trouver personne sinon une tente en miette et les trois même pignoufs qui continuait d'échanger sur le dernier groupe de Doom à la non-mode. En tant que bon inspecteur, je vins interroger les trois témoins qui se trouvaient à exactement huit mètres de la scène de crime. Bien que placés sous un projecteur, les trois érudits du dimanche soir purent justes affirmé que le quidam avait les cheveux courts. Moral de l'histoire on s'est fait retourner par un touriste un coreux ou un calviciques. Il y avait de quoi vouloir cramer le site, mais malheureusement, on ne pouvait pas faire grand chose sinon constater les dégâts, et il y en avait. L'un des deux arceaux qui soutenait la tente était purement et simplement cassé en deux, et comme les créateurs n'avait pas pensé à ce genre de circonstance, on avait rien pour réparer notre abri. Aussi, nous n'avons donc pas dormi sous la tente, mais avec la tente sur nous. Enfin dormir est un bien grand mot, car on se paya tous les commentaires spirituels des marcheurs sobres de minuits allant de « y en qui ne savent pas monter une tente » à « ça ce n'est pas une tente, c'est un sac de couchage », dans la fatigue, il me semble avoir lancé un « on n'a pas choisi, mais si tu veux, on échange ». Ce fut la nuit la plus longue de notre pauvre existence, pas mal pour deux insomniaques.

 

Allez partages un peu, ça fait plaisir.

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